On a testé Williwaw, la "rolls" française du ventilateur

rinnadewatasari 20/06/2022 2196

Un ventilateur très haut de gamme au tarif d’un climatiseur "premier prix" ? C’est le pari d’un designer passé par les fleurons de l’industrie française qui veut aujourd’hui promouvoir un concentré d’innovations au tarif déraisonnable mais aux promesses alléchantes. Prise en main.

On a testé Williwaw, la

949 euros. Comment justifier une telle somme pour s’offrir un ventilateur ? La question se pose lorsque les températures battent des records comme en ce mois de juin 2022 et que l’on cherche à se rafraîchir "à tout prix". D’autant qu’il ne s’agit pas ici de "s’offrir une marque". Le "Williwaw" n’a pas (encore ?) la notoriété d’un produit de luxe. Il s’agit plutôt d’un "produit d’ingénieur", qui a remporté en 2021 le "prix du Premier ministre" au concours Lépine (où la marque s’est présentée à nouveau en 2022). Et qui, malgré son aspect très classique, présente un grand nombre d’innovations. Nous l’avons pris en main.

Le Williwaw brasse de l’air comme tout autre ventilateur. Mais avec une promesse : faire une économie de 30 % sur la facture énergétique du foyer. Un chiffre qui a attisé notre curiosité pour un produit né dans un cerveau français, infatigable pour le défendre. L’idée d’un ventilateur "haut de gamme" a germé dans l’esprit du designer industriel Stéphane Thirouin. En renouvelant l’air au contact de la peau, un ventilateur donne une sensation de fraîcheur, sans les inconvénients d’une climatisation énergivore qui rejette au dehors la chaleur captée dans une pièce (dans une grande ville on estime aujourd’hui que la "clim" conduit à une augmentation de température de l’ordre de 1°C à 1,5°C). Problème des produits "premiers prix" : ils brassent peu d’air et sont bruyants.


Davantage de pâles, moins de bruit

Le Williwaw n’est pas le premier à essayer de bousculer le secteur. Les amoureux du design connaissent les produits Dyson, machines épurées, sans pâles, capables de faire mouvoir de grands volumes d’air dans une pièce. Efficaces, mais bruyantes. Pour Stéphane Thirouin, c’est une fausse piste. Pourtant, le design, il s’y connaît : il dirige à la naissance du projet celui du leader mondial du petit électroménager, le Français Seb. Pour lui, au contraire, rien de mieux que des pâles. Mais pour plus d’efficacité, il en faut plus que trois ou quatre. Disons neuf. Et, surtout, il faut que le moteur électrique soit silencieux. Ce qui existe avec la technologie "brushless". Problèmes : augmenter ainsi le nombre de pâles, revient à doubler voire tripler le prix de l’appareil ; quant au moteur silencieux, c’est six fois plus cher. "Chez Seb, une étude de marché a révélé que le prix maximum pour un ventilateur était de 350 €. Ce qui a tué le projet dans l’œuf", se souvient Stéphane Thirouin.


Un ventilateur 4 saisons

Pourtant, la société britannique de James Dyson avait prouvé qu’un marché existe bien pour des ventilateurs haut de gamme. C’est ainsi que Stéphane Thirouin a quitté Seb avec les droits sur le projet qu’il porte toujours à bout de bras. Et avec une autre idée en tête. "Le ventilateur permet de rafraichir, mais aussi d’harmoniser la température. D’où l’idée d’y adjoindre deux capteurs de température, à placer en bas et en haut d’une pièce, communiquant en Bluetooth." Car l’air chaud monte, et un ventilateur peut aussi propulser la masse la plus froide du bas vers le haut dans un espace de grand volume, et faire redescendre la plus chaude pour obtenir une température homogène. En été cela permet par exemple de rafraichir une mezzanine ; en hiver de profiter dans toute la pièce du chauffage situé près du sol. Le ventilateur devient ainsi 4 saisons. A condition de pouvoir l’orienter à la verticale.


Ce qui a conduit à revoir la conception du support afin qu’il soit possible d’incliner l’appareil dans toutes les directions. Le tout dans une cage aux contours circulaires et non grillagée permettant de transmettre au mieux l’air brassé. En résumé : davantage de pâles, un moteur parfaitement silencieux, une structure ouverte, des capteurs de température (assortis d’une application pour smartphone), et de la flexibilité dans l’orientation du flux d’air. Voilà pour le cahier des charges.


Mais, quitte à abandonner les contraintes d’une production en masse dans le cadre d’un grand fabricant d’équipement, Stéphane Thirouin voit encore plus loin. Avant de travailler pour Seb, il a fait chez armes chez l’équipementier d’électricité Legrand. "On y apprend qu’un objet en plastique fiché dans un mur doit pouvoir résister 40 ans sans se fissurer sous l’action de la lumière du soleil", témoigne-t-il. D’où un choix de matériaux – des polycarbonates – particulièrement durables car résistants aux UV. Autre enseignement : "Le matériel produit en grandes quantités est facile à monter mais très complexe à démonter." Or la durabilité est un critère important, qui passe par la possibilité de réparer.


Le coût de la durabilité

C’est alors qu’intervient la culture du "garantie à vie" inculquée par la troisième entreprise fréquentée par Stéphane Thirouin avant de se lancer dans l’entrepreneuriat : Facom. Les pièces mécaniques du ventilateur sont garanties 10 ans. Pour y parvenir, il a fallu faire un choix à contre-courant de ce qui se fait dans l’industrie. Exit la colle et les assemblages définitifs. "Le ventilateur est assemblé avec 109 vis, ce qui demande une heure et demie d’assemblage : c’est inconcevable dans l’électroménager." Mais c’est le prix à payer pour pouvoir intervenir en cas de panne. Bémol, la garantie retombe à deux ans pour l’électronique "où la qualité des composants est hélas plus aléatoire" déplore l’inventeur. Reste que tous les éléments demeurent remplaçables, car non soudés.


Dernier souci du détail : le port.


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